Les Grands moments de l’Histoire du Football

Afin de célébrer la Coupe du Monde de football 2014 qui vient tout juste de démarrer au Brésil, nous avons rencontré l’artiste italien Osvaldo Casanova, alias « Oz ». Il est l’auteur des « Grands moments de l’histoire du football », une série de portraits graphiques qui retrace les moments les plus marquants de l’histoire du football moderne.

« Les grands moments de l’histoire du football » indiquent clairement deux passions : le football et le dessin. Pouvez-vous nous en dire plus sur la première ?

Le football est une passion qui dure toute une vie. Elle m’a été transmise par mon père et c’est un moment que je partageais avec lui quand j’étais petit. Puis en grandissant, j’ai appris à apprécier le côté « militant » comme aller au stade. Puis le côté romantique et plus profond à travers des auteurs comme Soriano et Galeano (NDLR : deux auteurs et journalistes argentins et uruguayens).


Passons à votre deuxième passion. Qu’est-ce qui vous a amené à votre travail actuel ?

Le dessin a toujours fait partie de ma vie. Depuis que j’ai gribouillé sur les murs de ma maison (malgré le total « enthousiasme » de ma famille à ce sujet) ! Puis je me suis éloigné de l’illustration pendant des années pour une raison : quand vous êtes le directeur artistique d’une agence et que le patron découvre que vous savez dessiner, vous vous retrouvez avec deux emplois : l’illustrateur et le créatif, mais évidemment avec un seul salaire ! Cependant, ma passion pour le dessin était trop forte et, bien qu’en retard dans mon travail, j’ai commencé à me consacrer à des projets d’illustration, tels que « les Grands moments ».

Quel est le but et que voulez-vous transmettre à travers cette série d’illustrations ?

J’ai une mission : montrer qu’être fan de football ne signifie pas nécessairement être un troglodyte. Je veux combattre le snobisme des gens qui, en particulier lors d’événements majeurs, ne manquent jamais une occasion de critiquer le football. J’aimerais démontrer que le football ce n’est pas seulement les millions de Cristiano Ronaldo ou les magouilles politiques de Blatter et de la FIFA, mais qu’il y a d’intenses, émouvantes et héroïques histoires derrière cela. Pour moi, le charme des histoires est plus fort que tous les aspects techniques.


Génie, passion et insouciance. Quelles illustrations associerez-vous à chacun de ces mots, et pourquoi ?

Le génie pour le but de Savicevic contre Barcelone (Finale de la Ligue des Champions 1994), parce que seul un génie peut penser à marquer un but d’un lob depuis cette position. D’ailleurs, c’est le seul geste purement technique représenté dans ma collection car elle démontre l’esprit de tout un peuple. Il explique pourquoi les Yougoslaves étaient les Brésiliens de l’Europe.

La passion est pour le président italien Sandro Pertini qui a manifesté sa joie lors de la Coupe du Monde 1982 à Madrid, une passion qui échappe aux protocoles. Socrates et la Democracia Corinthiana peuvent être l’imprudence, dans le sens le plus pur, celui d’avoir le courage de transgresser les règles établies.

Beaucoup d’illustrations sont inspirées de moments s’étant déroulés dans les années 90. Pourquoi ? Est-ce parce que vous avez connu cette époque du football ?

Honnêtement, je ne l’avais pas remarqué. Certes, j’ai bien connu le football à cette époque, mais ce n’est pas un choix conscient. En fait, j’ai essayé d’espacer le plus possible dans le temps afin de rendre le projet plus global.


Quelle est votre plus beau souvenir des années 90 ?

J’adore la danse de Roger Milla (Coupe du Monde 90 en Italie). A ce moment-là, le monde entier a reconnu la volonté d’un continent à s’en sortir et a commencé à regarder l’Afrique avec plus d’attention. Pas seulement dans le football.


Vos œuvres alternent des moments célèbres dans l’histoire du football et d’autres moins connus. Comment avez-vous fait ces choix ?

J’ai choisi les moments en fonction de deux critères : les personnages et les histoires. La Main de Dieu de Maradona par exemple, ce n’est plus du football. C’est devenu une icône de la culture pop, comme Coca-Cola ou les moonwalks de Michael Jackson. Les affrontements entre le Dinamo Zagreb et l’Etoile Rouge de Belgrade ou la Democracia Corinthiana racontent des histoires qui montrent comment le football est connecté avec les aspects sociaux et politiques de nos vies.

Quelles sont les influences de votre style graphique ?

Pop art, Marvel Comics, Frank Miller et Andrea Pazienza. Bien qu’en fait, mon travail s’avère être un mélange qui ne ressemble à aucun de ces éléments.


Nous sommes au début d’une nouvelle Coupe du Monde. Y a t-il un joueur de football, un entraîneur ou une équipe qui pourrait inspirer une nouvelle illustration ?

Je ne sais pas, il est difficile de répondre à l’avance. Dans le football moderne, il est difficile de trouver des histoires cachées. En outre, à des niveaux élevés, nous savons tout, même sur la vie d’un défenseur obscur du Costa Rica, du Honduras ou de l’Iran. Il pourrait être intéressant de suivre la Belgique, un David qui pourrait abattre plus d’un Goliath.


Nous concluons avec une curiosité. Eric Cantona et Paolo Di Canio sont deux joueurs très controversés. Pourquoi avez-vous choisi de les représenter ?

J’ai choisi Cantona parce qu’il fait partie de mes joueurs préférés de tous les temps. Un génie total et un rebelle, une personne excentrique avec le cerveau d’un libre penseur. Tout simplement fantastique.

J’ai choisi Di Canio, parce qu’en dépit du fait que les gens ne partagent pas toujours ses choix, il a toujours laissé une marque dans les équipes où il a joué auprès des entraîneurs et de leurs fans. Plus particulièrement, le geste que j’ai illustré montre à tous le côté positif de son concept de l’honneur.