Au fil de sa « jeune » histoire, le Cinéma est passé d’un loisir à une industrie superpuissante, drainant des milliards de recette chaque année. Cependant, le 7ème art n’a pas perdu toutes ses aspérités créatrices en cours de route, bien au contraire ! De nombreux métiers travaillant sur et en dehors des plateaux de tournage maintiennent la magie du grand écran avec beaucoup d’imagination et d’inspiration.
Parmi ces postes à la fois connus et méconnus du grand public : l’illustrateur d’affiches. Les posters servent principalement à donner une identité au film à travers un code graphique, du texte et des images particulières. Pourtant, si tout le monde a déjà recouvert ses murs avec des affiches, peu savent qui se cache derrière ces supports.
Easyprint a rencontré Flore Maquin, graphiste française passionnée par le cinéma et les séries TV. En plus de créer des posters pour des festivals, elle s’est faite récemment remarquer par la qualité de ses créations rendant hommage à des titres cultes du cinéma et de la télévision.
Silence ! Moteur ! Tournez ! Action !
Qui êtes-vous ? Quel est votre parcours ?
Bonjour EasyPrint, je m’appelle Flore Maquin, j’ai 25 ans et je vis sur Lyon depuis bientôt 4 ans. Je suis originaire d’Aix-en-Provence.
Mon parcours est assez différent d’un parcours de graphiste habituel. J’ai d’abord commencé par un BTS tourisme puis une année en direction artistique à Sup de Pub Lyon. Le graphisme est arrivé dans ma vie lorsque je devais créer des plaquettes touristiques durant mon BTS. Je me souviens me passionner beaucoup plus sur l’esthétisme de la brochure plutôt que sur le fond. C’est à ce moment-là que j’ai appris à utiliser les logiciels. Je suis une autodidacte, et c’est petit à petit que j’ai commencé à créer des documents. D’abord pour la ville d’où je viens, Lambesc, puis pour des organismes de musique et ainsi de suite.
C’est en 2014 que j’ai intégré l’équipe de l’Institut Lumière lors de son festival Lumière consacré à Pedro Almodovar. J’ai donc eu l’opportunité de travailler dans et pour le cinéma et cette année encore je participe à l’édition du festival 2015.
D’où vous est venue cette passion pour les affiches de film ?
Depuis toute petite le cinéma fait partie de ma vie. J’aime le cinéma mais je n’avais jamais pensé pouvoir travailler dans ce secteur un jour. La plupart de mes expériences étaient principalement dans la culture et la publicité. Pour moi les affiches de film se placent entre ces deux secteurs. Quelle est la première image que l’on voit d’un film ? Son affiche. L’affiche est la vitrine d’un film, « sa publicité ».
J’ai toujours été passionné par l’affiche d’un film. Comment faire comprendre en une seule image l’histoire de tout un script. C’est le challenge suprême pour un graphiste d’après moi. Savoir lier un esthétisme moderne à une histoire parfois compliquée à expliquer en une seule phrase. Que se passera-t-il si l’affiche reflète une comédie romantique alors que la clé du film n’est en fait qu’un drame ? La perception du public est très importante face à cette affiche. D’après moi, celle-ci joue un rôle clé sur l’image que projettera un film.


Quelle a été votre 1ère affiche créée ? Votre favorite ?
Je ne m’en souviens pas vraiment. J’ai commencé par faire des illustrations de personnages que j’aimais bien puis je me suis dit « Et si je déclinais ça avec un titre ou avec un autre personnage ?! » et c’est ainsi que je me suis mise à réfléchir sur une histoire à faire passer dans ce visuel. Fight club par exemple. Je vais peut-être spoiler les quelques personnes qui n’ont pas encore vu ce film mais l’histoire que je voulais faire apparaître sur cette affiche était que le personnage de Brad Pitt n’était que l’ombre du personnage d’Edward Norton. J’ai voulu y intégrer plusieurs détails. La cigarette par exemple, celle d’Edward Norton est dirigée vers le bas, fatigue, exaspération, ras le bol… Celle de Brad Pitt est dirigée vers le haut, c’est un homme qui ose, qui s’élève face au gens, qui n’a peur de rien. J’aime ce genre de détails. C’est peut être imperceptible au premier coup d’œil. Mais si nous nous penchons sur certaines affiches de films, il y a ce genre de clin d’œil. L’affiche de Shutter Island de Martin Scorsese par exemple. Le personnage de Leonardo Dicaprio tient une allumette dans sa main qui lui éclaire partiellement le visage. Il y a beaucoup de choses à dire sur cette affiche mais prenons par exemple la mer agitée, ce détail que nous ne faisons qu’apercevoir symbolise une intrigue mouvementée. De plus la présence de nuages autour de Leonardo Dicaprio nous amène une information capitale sur l’ambiance globale du film : une atmosphère tourmentée.

Comment choisissez-vous les films ou séries que vous allez illustrer ?
Je choisi les films qui m’ont marqués principalement. C’est assez intime puisque c’est le reflet de mes sensibilités. C’est un peu comme dire « vous trouverez ici mon cinéma ». J’aime les personnages que je dessine parce qu’ils m’ont interpelée. Leur personnalité me plait et c’est cela qui me donne envie de les dessiner. Je me dis « j’aimerai créer quelque chose avec ce personnage ».



Qui sont vos modèles artistiques ? Qui sont les artistes modernes que vous admirez ?
J’en ai tellement ! Ça serait très difficile de tous les citer. J’adore les créations de Ian Jepson très colorées et contrastées avec de superbes typographies, vraiment sublimes. Dans un autre style les créations de The Dark Inker des affiches de films avec une patte bien particulière, magnifique !
Mis à part Saul Bass (graphiste et créateur de génériques et posters pour Hitchcock, Scorsese, Kubrick..), cet art n’a pas vraiment.. de têtes d’affiches ! Comment expliquez-vous ce fait ? Que faudrait-il faire pour y remédier ?
Je pense que les affiches de films font partie du domaine de l’art, et l’art c’est subjectif. Chaque personne a ses goûts et il ne faut pas oublier que l’affiche est une publicité. Peut-être que le commercial prend plus de place que l’art en lui-même. Certaines personnes peuvent être frileuses d’un style un peu trop prononcé. Comme dans la publicité, un budget est en jeu, et qui dit budget dit client. C’est peut-être pour cela que le Fan Art se développe de plus en plus. Peut-être que les gens qui aiment le cinéma, comme moi, sont frustrés de ne pas voir leurs réalisateurs favoris pousser encore plus loin l’art de l’affiche. Et il ne faut pas oublier que la concurrence est rude. De plus en plus de personnes sont sur le marché du graphisme et il est difficile de se démarquer.
J’imagine que pour y remédier il faut oser, autant du côté de la société de production que du côté du graphiste.

Si vous deviez remettre un César ou toute autre récompense à vos trois affiches de films préférées, quelles seraient-elles ?
Je suis plus cinéma américain alors disons les Oscars !
D’après moi, le premier Oscar de la meilleure affiche irait à celle de The Grand Budapest Hotel (je l’ai d’ailleurs affiché dans mon appartement en grand format). Wes Anderson a un style particulier qui transpire dans ses affiches. Celle de The Grand Budapest Hotel est tellement originale, pas besoin de têtes d’affiches (même si les noms sont visibles) la maquette de l’hôtel est sublime et se suffit à elle-même. Les couleurs et la réalisation sont parfaites. Elle est clairement identifiable au milieu d’autres affiches.
Le deuxième oscar irait à l’affiche du premier Alien (même si les autres films de la saga ont de très belles affiches également). Je suis une grande admiratrice du cinéma fantastique et l’affiche du premier Alien est parfaite selon moi. Fond noir pour l’espace, des touches de vert et un œuf : symbole de la naissance de la bête. Je trouve qu’il y a une corrélation entre le symbole de l’œuf seul et la place de l’Alien dans le film. Il est là mais on ne sait pas vraiment ce que c’est. C’est un peu comme l’œuf sur l’affiche : on ne sait pas ce que c’est mais ça nous attire, on devine que c’est dangereux.
Et en number tree je dirais l’affiche du nouveau Godzilla. Je crois qu’il y a eu plusieurs affiches éditées pour ce film mais l’une d’entre elles m’a particulièrement marquée : celle où l’on voit en premier plan plusieurs parachutistes sauter pour atterrir dans le centre de San Francisco et en deuxième plan, un énorme nuage de fumée qui laisse apparaître quelques « écailles ». J’aime cette suggestion. Nous avons l’habitude de voir cette gigantesque créature au centre de l’affiche. Ici, son gigantisme n’apparaît que par cette suggestion. Et c’est ce que j’aime. L’idée est très bonne. On sent qu’il y a eu une recherche derrière cette affiche : « comment montrer Godzilla sans le montrer ? ». Le débat devait surement être très intéressant !



Vos travaux ne s’arrêtent pas qu’au 7ème art puisque vous réalisez également des illustrations pour des festivals, logos, supports d’entreprise et divers créations design. Travaillez-vous de la même manière selon le projet ?
J’aime penser « stratégique » lorsque je crée quelque chose. Quand il y a une idée derrière une création. J’avais un professeur à Sup de Pub, Nicolas Cornu, qui nous répétait sans cesse « Quelle est l’idée ? » et ce, sur n’importe quel projet. Je suis heureuse d’avoir aujourd’hui cette petite voix dans ma tête qui me répète constamment « c’est quoi ton idée ici ? ». Que ce soit pour un logo ou pour une affiche de cinéma, le sujet doit être traité particulièrement. On ne communiquera pas de la même manière pour un événement sportif ou pour un musicien jazzy. C’est pareil pour le graphisme. On ne choisit pas une typographie ou une couleur par hasard. Nous envoyons un message bien particulier, comme pour une affiche de film.



Quelles sont les prochaines œuvres cinématographiques ou télévisuelles que vous allez représenter ?
L’inspiration peut me venir de n’importe quoi, une musique, une belle photo, ou simplement un film que j’ai envie de voir. Je viens de terminer une nouvelle création sur le film Léon de Luc Besson. Les visages de Jean Reno et Nathalie Portman ont quelque chose de puissant. Alors j’avais envie de les mettre à l’honneur sur une nouvelle affiche en gardant le regard audacieux de Natalie Portman et la carrure de Jean Reno.
Pour la suite, je pense à des méchants. J’aime les vilains, leurs personnalités et leurs physiques généralement différents me passionnent. Pourquoi pas le Pingouin joué par Danny de Vito dans le Batman de Tim Burton ou l’incroyable Red Skull du monde Marvel.
Affiche à suivre !

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A l’affiche cette semaine !
Les artistes français sont très inspirés par l’univers du 7ème art. La preuve par 8 :
Bonus : si vous ne voulez pas connaitre les fins de films ne cliquez pas ici !
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A.B.
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